Attachement inapproprié
Carte d'appel
Code Clawson : 25-B-2 (Problème psychiatrique, comportement étrange mais non violent)
Heure de l'appel : 23 h 41
Âge et sexe du patient : Femme de 29 ans
Lieu de l’intervention : Appartement en milieu urbain, 2e étage
Déclaration de l’appelant : « Ma coloc dit qu’elle veut se faire du mal si personne ne vient la voir. Elle parle sans arrêt d’un paramédic qu’elle a vu la semaine passée. »
Mise en situation
Âge et sexe du patient : Femme de 29 ans
Plainte principale : Idées suicidaires passives, détresse émotionnelle
Observation de la scène et du patient : L’appartement est sombre, mal entretenu. La patiente est couchée sur le canapé, les yeux rouges de pleurs, une couverture enroulée autour d’elle. À l’arrivée des paramédics, elle affiche un sourire inhabituel et inapproprié lorsqu’elle reconnaît le paramédic qui était venu lors d’un appel précédent pour une chute bénigne. Elle dit : « Je savais que tu reviendrais. Personne d’autre ne prend soin de moi comme toi. » Elle tente d’établir un contact physique inapproprié (main sur le bras), malgré un refus verbal clair. Elle oscille entre larmes et tentatives de séduction maladroites.
Examen primaire
L (Level of consciousness) : Alerte, mais discours désorganisé sur le plan émotionnel
A (Airway) : Libre
B (Breathing) : Normale
C (Circulation) : Pouls radial perceptible, rapide
D (Disability) : GCS 15, aucun déficit neurologique
E (Exposure) : Aucun trauma visible, vêtements froissés, hygiène négligée
Signes vitaux
Pouls : 110/min
SpO2 : 99 % à l’air ambiant
Pression artérielle : 130/76 mmHg
Respiration : 20/min
Température : 37,0 °C
Glycémie : 5,5 mmol/L
Anamnèse
O - Détresse émotionnelle, sentiment d’abandon
P - Augmenté après le départ du paramédic rencontré la semaine passée
Q - Vide intérieur, impression de ne pas exister sans l’autre
R - Visite précédente des paramédics, après une blessure mineure
S - Dans son logement, isolée
T - Depuis environ 3 jours, s’intensifie ce soir
U - Veut être « prise dans les bras », dit que « la seule chose qui lui fait du bien, c’est le regard du paramédic »
S - Médication antidépressive (fluoxétine) interrompue il y a 2 mois
A - Aucun connu
M - Aucun médicament présentement
P - Diagnostic de trouble de personnalité limite (borderline), historique d’automutilation
L - Pas mangé depuis 24 heures
E - Propos suicidaires passifs : « Je ne veux pas mourir, mais si personne m’aime, à quoi bon? »
R - Isolement social, dépendance affective marquée dans toutes ses relations
Examen secondaire
Examen physique : Aucun trauma ni blessure récente visible
Pupilles : Normales, isochoriques
12D : Non indiqué
Auscultation pulmonaire : Normale
Test de Cincinnati : Négatif
GCS : 15
Échelle de risque suicidaire verbale (questionnement structuré) : Présence de pensées suicidaires passives, pas de plan immédiat, mais détresse aiguë et attachement émotionnel inapproprié envers les soignants
Traitement et techniques
Approche professionnelle, ferme et empathique, éviter toute proximité affective ou tactile
Isolement verbal des propos inappropriés : recentrer la discussion sur la sécurité et les besoins réels de la patiente
Application du protocole Problèmes de comportement
Transport non urgent mais prioritaire vers un centre hospitalier avec service en psychiatrie
Collaboration avec le CCS pour assurer une présence policière discrète au besoin
Surveillance continue de la patiente durant le transport (tentatives de contact physique répétées observées)
Documentation détaillée du comportement et du lien affectif inapproprié
Évolution du cas
La patiente a été transportée calmement au centre hospitalier avec surveillance comportementale étroite. Elle a tenté à deux reprises de flatter le bras du paramédic malgré des consignes claires. À l’arrivée, elle a refusé de quitter la civière sans la présence du même intervenant. Un passage de relais clair a été effectué avec le personnel en psychiatrie. Rapport verbal complété avec mention du transfert de responsabilité clinique délicat.
Hypothèses cliniques à considérer
Dépendance affective sévère
Trouble de la personnalité limite (TPL)
Risque de comportements de manipulation émotionnelle
Risque suicidaire passif ou de gestes d’auto-dommage instrumental
💡 Point pédagogique : Il est essentiel que les paramédics reconnaissent les signes de transfert émotionnel (transfert/contre-transfert) chez des patients vulnérables, afin de maintenir une distance thérapeutique et assurer une prise en charge sécuritaire et éthique.