Paralysie de Bell
Carte d'appel
Code Clawson : 28-B-1 (Paralysie soudaine d’un membre ou du visage, sans altération de conscience)
Heure de l’appel : 07 h 48
Âge et sexe du patient : Femme de 43 ans
Lieu de l’intervention : Domicile, chambre à coucher
Déclaration de l’appelant : « Ma conjointe ne peut plus bouger le côté gauche de son visage depuis ce matin. Sa bouche est croche et son œil ne se ferme plus. »
Mise en situation
Claire, femme de 43 ans, a noté au réveil une faiblesse marquée du côté gauche du visage, apparue subitement. Elle rapporte une impossibilité de sourire du côté gauche, une difficulté à fermer complètement l’œil gauche, ainsi qu’un sourcil tombant. Elle mentionne une sensation de tiraillement à la mâchoire gauche, mais aucune douleur importante ni déficit moteur ailleurs dans le corps.
Claire n’a aucun antécédent médical connu, aucun traumatisme récent, et aucun facteur de risque vasculaire majeur. Elle est très inquiète, mais consciente, alerte, orientée, et collabore bien à l’évaluation.
Examen primaire (LABCDE)
L : Alerte, parle clairement, coopérative (AVPU : A)
A : Voies respiratoires dégagées
B : FR 16, respiration calme et efficace
C : Pouls 80 bpm, TA 125/80 mmHg, peau bien colorée, circulation périphérique normale
D : Aucune altération de l’état de conscience, parle normalement
E : Asymétrie faciale gauche complète, œil gauche ne se ferme pas, sourire dévié vers la droite
Signes vitaux
Pouls : 80 bpm
SpO₂ : 98 %
TA : 125/80 mmHg
FR : 16/min
Température : 36,9 °C
Glycémie : 5,6 mmol/L
Glasgow : 15 (E4 V5 M6)
Anamnèse
O (onset) : Apparition soudaine au réveil, il y a environ 2 heures
P (provocation/palliation) : Aucun changement avec la position ou le mouvement
Q (qualité) : Sensation de tiraillement, mais pas de douleur vive
R (irradiation) : Localisée à l’hémiface gauche
S (sévérité) : Fonction motrice complètement absente à gauche du visage
T (temps) : Stable depuis l’apparition, sans amélioration
U (you) : Jamais eu de symptômes similaires
S (signes/symptômes) : Faiblesse faciale, tiraillement, anxiété
A (allergies) : Aucune connue
M (médicaments) : Aucun
P (passé médical) : Aucun antécédent significatif
L (last meal) : Petit déjeuner pris vers 07 h
E (événements) : Aucun événement déclencheur identifié
R (facteurs de risque) : Aucun apparent, pas de diabète ni HTA connue
Examen secondaire
Test de Cincinnati : Négatif (pas de déficit moteur au bras, pas de troubles de la parole, seulement atteinte faciale)
Examen neurologique :
Faiblesse complète de l’hémiface gauche, incluant le front (sourcil non mobile)
Incapacité à froncer le sourcil gauche, à fermer l’œil gauche ou à sourire du côté gauche
Aucun déficit moteur ou sensitif aux membres
Parole claire, aucune dysarthrie
Évaluation oculaire : Conjonctive claire, réflexe photomoteur présent
Auscultation pulmonaire et cardiaque : Normale
ECG 12D : Rythme sinusal, aucune anomalie
Traitement et technique
Surveillance continue des signes vitaux et de l’état neurologique
Évaluation complète du Cincinnati (négatif ici)
Éducation de la patiente sur la distinction entre paralysie périphérique (nerf facial) et AVC (central)
Préavis non requis, sauf détérioration soudaine
Protéger l’œil gauche (non fermé) avec compresses stériles humidifiées si nécessaire
Prévoir couverture oculaire au besoin si exposition prolongée
Évolution du cas
Durant le transport, l’état de Claire reste stable. Elle reste inquiète, mais commence à comprendre la nature non urgente de son état potentiel. Aucune altération neurologique nouvelle n’est observée. À l’arrivée, elle est orientée vers consultation médicale pour suspicion de paralysie de Bell (paralysie faciale périphérique idiopathique).
Hypothèses cliniques à considérer
Paralysie de Bell (idiopathique)
Infection virale (herpès simplex, zona sans éruption)
AVC du tronc cérébral (moins probable sans autre déficit focal)
Tumeur ou compression du nerf facial (rare, à explorer si persistant)
Otite moyenne/infection locale
💡 Point pédagogique : Une paralysie faciale périphérique (atteinte du nerf facial) inclut l’incapacité à relever le sourcil et fermer l’œil du côté atteint, ce qui permet de la distinguer d’un AVC, où le front est généralement épargné. La reconnaissance rapide permet un transport adapté sans alarme inutile.