Douleur anale aiguë
Carte d'appel
Code Clawson : 26-B-1 (Douleur abdominale ou anale non traumatique, sans altération de conscience)
Heure de l’appel : 19 h 17
Âge et sexe du patient : Femme de 42 ans
Lieu de l’intervention : Domicile, salle de bain
Déclaration de l’appelant : « Ma conjointe a mal à l’anus depuis deux jours, ça saigne quand elle va à la toilette, et elle a comme une masse qui est sortie. Elle a de la difficulté à rester assise. »
Mise en situation
Caroline, femme de 42 ans, se plaint d’une douleur anale aiguë, lancinante, survenue il y a environ 48 heures après un épisode de constipation sévère. Elle rapporte que depuis, elle a de la douleur à chaque défécation, accompagnée d’un saignement léger, visible sur le papier hygiénique. Elle décrit aussi une sensation de "boule" anormale à l’extérieur de l’anus, inconfortable et sensible au toucher.
La douleur est constante, s’aggrave à l’assise prolongée et à la station debout après repos. Caroline se dit très gênée, mais accepte l’évaluation. Elle est visiblement stressée, anxieuse, mais hémodynamiquement stable, sans signes de fièvre ou d’altération de l’état général. Aucun antécédent chirurgical ou digestif significatif.
Examen primaire (LABCDE)
L : Alerte, orientée, parle de façon cohérente
A : Voies respiratoires libres
B : Respiration calme, FR 18
C : Pouls régulier, pas de signes de choc, pas de pâleur extrême
D : Aucun déficit neurologique
E : Se tient légèrement penchée en avant, inconfort manifeste, douleur accentuée à la position assise
Signes vitaux
Pouls : 86 bpm
SpO₂ : 98 %
TA : 124/76 mmHg
FR : 18/min
Température : 36,5 °C
Glycémie : 5,2 mmol/L
Anamnèse
O (onset) : Apparition il y a 2 jours après un épisode de constipation
P (provocation/palliation) : Douleur accentuée à la défécation, à la station assise ou debout prolongée
Q (qualité) : Lancinante, brûlante, pulsatile par moment
R (irradiation) : Localisée à l’anus
S (sévérité) : 8/10 lors de la défécation, 5/10 au repos
T (temps) : Continue depuis 2 jours, sans amélioration
U (you) : Jamais eu de problème similaire auparavant
S (signes/symptômes) : Masse externe, douleur, saignement léger, gêne importante
A (allergies) : Aucune connue
M (médicaments) : Aucun
P (passé médical) : Constipation occasionnelle
L (last meal) : Repas léger à 17 h
E (événements) : Douleur apparue après défécation laborieuse
R (facteurs de risque) : Sédentarité, alimentation pauvre en fibres, efforts de poussée
Examen secondaire
Inspection :
Région anale : Tuméfaction douloureuse visible en position latérale gauche, coloration rouge foncé, tendue, compatible avec hémorroïde externe thrombosée
Petites traces de sang visibles sur les sous-vêtements
Aucun écoulement purulent
Palpation abdominale : Normale, abdomen souple, sans douleur
Auscultation : Bruits intestinaux présents
Neurologique : Aucun déficit moteur ou sensitif périnéal
Traitement et technique
Position confortable, patient allongée sur le côté gauche
Antalgie orale ou PRN selon protocole régional si disponible
Aucune exploration anale invasive sur le terrain
Éducation sur le maintien au chaud de la région, bains de siège tièdes recommandés (à mentionner à l’urgence)
Préavis non requis, sauf aggravation durant le transport
Évolution du cas
Caroline tolère bien la position latérale gauche. La douleur reste présente mais stable durant le transport. Elle est rassurée par l’équipe, et la masse externe reste visible et inchangée. À l’arrivée, la patiente est transférée pour prise en charge en consultation externe ou à l'urgence selon disponibilité d’un professionnel en soins de plaies ou en chirurgie mineure.
Hypothèses cliniques à considérer
Hémorroïde externe thrombosée
Fissure anale avec œdème réactionnel
Abcès anal en formation (à surveiller si douleur s’intensifie ou apparition de fièvre)
Prolapsus muqueux hémorroïdaire
💡 Point pédagogique : Une hémorroïde externe thrombosée peut être très douloureuse et impressionnante pour le patient, mais elle reste souvent bénigne. Le soutien émotionnel, la position adéquate, et l'évaluation visuelle sans toucher suffisent à orienter l’intervention préhospitalière.