Crise comportementale pédiatrique aiguë
Carte d'appel
Code Clawson : 25-B-2 (Trouble comportemental, menace pour autrui)
Heure de l’appel : 13 h 03
Âge et sexe du patient : Garçon de 9 ans
Lieu de l’intervention : École primaire, salle de classe
Déclaration de l’appelant : « Un élève est devenu très agressif, il crie, gesticule, menace les adultes avec un crayon et ne répond plus aux consignes. On a peur qu’il se blesse. »
Mise en situation
Lucas, 9 ans, est en pleine crise comportementale aiguë dans sa classe. Selon l’enseignante, il est devenu brusquement agité, a commencé à crier, gesticuler, et a menacé le personnel avec un crayon. Il refuse tout contact, hurle, et se déplace de façon incohérente. Il a tenté de s’enfuir de la classe et a frappé un pupitre à plusieurs reprises.
Lucas est connu pour des troubles du comportement avec trouble déficitaire de l’attention avec impulsivité (TDAH), non médicamenté actuellement. Il était stable depuis plusieurs mois, mais cette crise est inédite en intensité selon les enseignants. Aucun signe de blessure n’est rapporté, mais son comportement imprévisible représente un risque immédiat pour lui et les autres. À l’arrivée des paramédics, Lucas est dans un coin de la pièce, assis par terre, en train de crier et de frapper le sol avec ses mains.
Examen primaire (LABCDE)
L : Niveau de conscience intact – réagit verbalement, mais avec confusion et désorganisation
A : Voies respiratoires libres
B : Respiration rapide, FR 26, agitation
C : Pouls 112 bpm, peau chaude, légèrement moite
D : Réagit de manière incohérente, verbalise des propos illogiques et menaçants
E : Aucun trauma visible, mouvements brusques et désorganisés
Signes vitaux
Pouls : 112 bpm
SpO₂ : 98 %
TA : 110/72 mmHg
FR : 26/min
Température : 36,8 °C
Glycémie : 5,4 mmol/L
Anamnèse
S (signes/symptômes) : Agitation extrême, propos menaçants, refus de contact
A (allergies) : Aucune connue
M (médicaments) : Aucun actuellement (arrêt du méthylphénidate il y a 4 mois)
P (passé médical) : TDAH avec trouble oppositionnel, suivis en pédopsychiatrie
L (last meal) : Collation vers 10 h
E (événements) : Crise déclenchée sans élément apparent, peut-être après un conflit verbal avec un autre élève
R (facteurs de risque) : Trouble du comportement connu, non médicamenté, environnement stimulant
Examen secondaire
Évaluation comportementale :
Agressivité verbale, menaces, tentative de contact physique avec adultes
Agitation motrice importante, déplacement erratique
Incapacité à établir un contact visuel ou une communication logique
Examen physique : Aucune blessure apparente, aucune trace de coups, pas d’ecchymose ni lacération
Examen neuro : Pas de signes de déficit moteur ou convulsif
Pupilles : Normales
Traitement et technique
Approche non menaçante, rester calme, garder distance sécuritaire
Tenter d’établir un lien verbal avec un intervenant de confiance (ex : enseignant connu)
Créer un environnement sécuritaire, isoler des stimuli et des autres enfants
Aucune contention physique sauf si danger imminent
Évaluation continue de la dangerosité (pour soi ou autrui)
Surveillance des signes vitaux et de la décompensation neurologique ou respiratoire
Si dangerosité persistante ou aggravation → appel au VPO et considération d’un transport avec accompagnement policier en contexte de santé mentale pédiatrique
Évolution du cas
Après 15 minutes de désescalade verbale avec l’aide d’un enseignant référent, Lucas se calme partiellement. Il accepte de quitter la salle avec un paramédic, gardant les mains occupées avec un objet neutre (bloc sensoriel). Il reste anxieux et irrité, mais non violent. Transport effectué en position assise, sans contention, avec l’accord des parents contactés en parallèle.
Hypothèses cliniques à considérer
Crise comportementale aiguë (trouble oppositionnel ou TDAH sévère)
Trouble de régulation émotionnelle avec désinhibition
Possibilité de trouble du spectre de l’autisme avec intolérance sensorielle
Déclencheur externe (conflit, surcharge sensorielle, anxiété non verbalisée)
💡 Point pédagogique : Chez l’enfant, une crise comportementale aiguë nécessite une approche empathique, structurée et sécuritaire. L’évaluation de la dangerosité prévaut sur le diagnostic. Le partenariat avec l’environnement scolaire et familial est souvent clé pour désamorcer la situation.