Chute "Don Juan"
Carte d'appel
Code Clawson : 29-D-4 (Chute de plus de 3 mètres, traumatisme majeur)
Heure de l’appel : 14 h 06
Âge et sexe du patient : Homme de 40 ans
Lieu de l’intervention : Chantier résidentiel, cour arrière
Déclaration de l’appelant : « Mon collègue est tombé du toit, il ne peut plus bouger sa jambe droite, il hurle de douleur et ne peut pas se lever! »
Mise en situation
Les paramédics interviennent auprès de Nicolas, 40 ans, ouvrier en toiture, qui a fait une chute verticale de 5 mètres alors qu’il posait des tuiles en bordure de toit. Il aurait perdu l’équilibre, chuté sur une surface dure. Il a été inconscient quelques secondes selon les témoins, puis a repris conscience au sol, allongé sur le dos, tenant sa jambe droite, criant de douleur.
À leur arrivée, les intervenants trouvent Nicolas conscient, orienté, mais en détresse évidente. Il est incapable de se lever ou de bouger sa jambe droite, qu’il garde en flexion partielle. Il rapporte aussi une douleur lombaire importante, sans irradiation. Il a des nausées, une légère pâleur, mais aucune perte de liquide ou de sang apparente. Le personnel du chantier a sécurisé la scène.
Examen primaire (LABCDE)
L : Alerte, répond adéquatement (AVPU : A, Glasgow 15)
A : Voies respiratoires libres
B : Respiration normale, FR 20, pas de dyspnée
C : Pouls 120 bpm, TA 105/70 mmHg, peau pâle et moite, douleur majeure, suspicion de choc léger hypovolémique
D : Pupilles normales, aucune altération de l’état mental
E : Déformation visible de la cuisse droite, douleur sévère lombaire, pas de saignement actif
Signes vitaux
Pouls : 120 bpm, régulier
SpO₂ : 96 %
TA : 105/70 mmHg
FR : 20/min
Température : 36,4 °C
Glycémie : 5,9 mmol/L
Anamnèse
O (onset) : Apparition immédiate après la chute
P (provocation/palliation) : Douleur constante, aggravée au mouvement
Q (qualité) : Vive, pulsatile à la cuisse, sourde au bas du dos
R (irradiation) : Non
S (sévérité) : 9/10
T (temps) : Depuis 10 à 15 minutes
U (you) : Jamais eu de blessure similaire
S (signes/symptômes) : Nausées, douleur, incapacité à marcher
A (allergies) : Aucun connu
M (médicaments) : Aucun
P (passé médical) : Aucun antécédent connu
L (last meal) : Dîner vers midi
E (événements) : Chute d’un toit, trauma direct
R (facteurs de risque) : Travail en hauteur sans harnais
Examen secondaire
Inspection :
Membre inférieur droit : Déformation visible au fémur, jambe raccourcie et en rotation externe
Colonne lombaire : sensibilité à la palpation, aucune douleur irradiée, pas de déficit neurologique aux membres
Examen neurovasculaire du MI droit :
Pouls pédieux palpable, motricité absente à cause de la douleur, sensibilité intacte
Palpation abdominale : souple, sans douleur ni défense
État neurologique : Pupilles normales, orienté, suit les consignes
12 dérivations ECG : Rythme sinusal, tachycardie
Auscultation pulmonaire et cardiaque : Normale
Traitement et technique
Application d’une RMS complète (chute >3 mètres avec douleur rachidienne)
Immobilisation de la jambe droite à l’aide d’une attelle à traction ou rigide (selon disponibilité)
Antalgie selon protocole régional (ex. : fentanyl si autorisé)
Surveillance continue des signes vitaux
Transport URGENT (10-30) vers un centre hospitalier avec imagerie et trauma
Communication du mécanisme lésionnel élevé (chute de >5 m) et suspicion de fracture fémorale avec possible hémorragie interne
Évolution du cas
Durant le transport, la douleur est partiellement soulagée après analgésie IV. La jambe est stabilisée, l’état reste stable mais tachycarde. Aucune altération de l’état neurologique. Le patient demeure anxieux, mais répond adéquatement. À l’arrivée, préavis donné pour fracture fémorale avec suspicion de traumatisme vertébral associé.
Hypothèses cliniques à considérer
Fracture fémorale droite avec saignement intramusculaire
Fracture ou contusion vertébrale lombaire
Contusion viscérale (moins probable sans douleur abdominale)
Hémorragie interne modérée (hématome profond)
Traumatisme crânien léger transitoire (perte de conscience brève)
💡 Point pédagogique : Une fracture du fémur peut entraîner jusqu’à 1,5 litre de perte sanguine interne, pouvant induire un état de choc hypovolémique. Une RMS systématique est toujours indiquée après une chute >3 mètres avec douleur vertébrale.