Confusion subite
Carte d’appel
Code Clawson : 26 (Personne malade)
Heure de l’appel : 14 h 20
Âge et sexe du patient : 67 ans, masculin
Lieu de l’intervention : Épicerie de quartier
Déclaration de l’appelant : « Il est confus, tout tremblant, il a l’air d’un diabétique en crise. »
Mise en situation
À l’arrivée, un homme de 67 ans, en apparence confus, est assis sur une chaise dans l’allée de l’épicerie. Il semble pâle, diaphorétique et affirme se sentir « très faible ». Le personnel et les clients sur place soupçonnent une hypoglycémie. Le patient n’a toutefois pas d’équipement de surveillance glycémique avec lui.
Examen primaire (ABCDE)
A (Airway) : Voies respiratoires perméables, le patient répond verbalement de façon cohérente par moments, même si son discours est ponctué d’hésitations.
B (Breathing) : Respiration présente à 20/min, pas de tirage, SPo2 à 96 % à l’air ambiant.
C (Circulation) : Pouls à 110/min, pression artérielle à 90/50 mmHg, peau moite et froide.
D (Disability) : État de conscience à « V » (il répond aux questions, mais parfois avec difficulté). Aucune asymétrie faciale notable.
E (Exposure/Environnement) : Aucun traumatisme apparent, aucune blessure visible.
Signes vitaux
Pouls : 110/min
Pression artérielle : 90/50 mmHg (valeur anormale, hypotension)
Respiration : 20/min
Température : 36,7 °C (tympanique)
Glycémie : 6,0 mmol/L (normale, donc excluant l’hypoglycémie)
SPo2 : 96 % à l’air ambiant
Anamnèse (OPQRSTU / SAMPLER)
O (Onset) : Confusion apparue progressivement depuis 30 minutes.
P (Provoqué/Pallié) : Le repos ne semble pas améliorer la sensation de faiblesse.
Q (Qualité) : Sensation « d’épuisement », de fatigue généralisée.
R (Région/Relief) : Pas de douleur localisée, plutôt un malaise général.
S (Symptômes) : Sueurs abondantes, étourdissements, nausées légères, confusion.
T (Temps) : Installé depuis environ une demi-heure, pas d’amélioration spontanée.
U (Understanding) : Le patient pense que « c’est peut-être un manque de sucre », mais il précise finalement souffrir de la maladie d’Addison.
S (Symptômes associés) : Mentionne une asthénie depuis quelques jours.
A (Allergies) : Aucune connue.
M (Médicaments) : Hydrocortisone (20 mg matin et 10 mg PM), Fludrocortisone (0,1 mg/jour).
P (Passé médical) : Maladie d’Addison diagnostiquée il y a 10 ans, hypercholestérolémie.
L (Last meal) : Petit-déjeuner léger à 8 h.
E (Environnement/Évènements) : Stress important depuis quelques jours (conflits familiaux).
R (Facteurs de risques) : Antécédents familiaux de diabète de type 2 (inactuel pour lui).
Examen secondaire
Examen physique : Pas de blessure ni de traumatisme. Palpation abdominale souple, pas de douleur significative.
Pupilles : Réactives, isométriques.
12D (ECG) : Rythme sinusal légèrement tachycarde, pas de signe d’ischémie aiguë.
Auscultation pulmonaire : Claire aux deux bases, pas de sibilance ni de crépitant.
Test de Cincinnati (AVC) : Négatif. Pas de déficits moteurs ni sensitifs décelés.
Traitement et technique
Position couchée pour confort et surveillance continue des voies respiratoires.
Surveillance rapprochée de la glycémie (réévaluation tous les 15 minutes).
Administration d’oxygène à faible débit si la saturation diminue sous 94 %.
Évolution du cas
Une fois couchée, la tension artérielle s’améliore légèrement (100/60 mmHg), la confusion se résorbe en partie, mais le patient demeure fatigué. Il est transporté en priorité vers le centre hospitalier pour évaluation médicale complète.
Hypothèses cliniques à considérer
Crise surrénalienne (maladie d’Addison) : Hypotension et confusion sans hypoglycémie.
Infection sous-jacente (sepsis débutant) pouvant précipiter l’insuffisance surrénalienne.
Problème cardiaque latent (ischémiques asymptomatiques) malgré un ECG peu suggestif.
💡 Point pédagogique : Les insuffisances surrénaliennes peuvent se manifester par un tableau proche d’une hypoglycémie (faiblesse, confusion, diaphorèse), alors que la glycémie est normale. Les paramédics doivent toujours mesurer la glycémie avant d’administrer un traitement spécifique et rechercher d’autres causes sous-jacentes lorsque les symptômes persistent malgré une glycémie adéquate.