Emphysème et douleur thoracique
Contexte d’intervention
Lieu : Résidence privée, appartement au 4e étage d’un immeuble avec ascenseur.
Heure et conditions : 16h30, journée hivernale avec température froide (-10°C).
Appel initial : Homme de 68 ans, antécédents de MPOC, se plaint d'une douleur thoracique soudaine et d’une aggravation de sa dyspnée. Il a de la difficulté à parler et respire bruyamment.
Informations du répartiteur : Patient éveillé mais essoufflé, cyanose des lèvres rapportée par la conjointe, douleur évaluée à 7/10.
Profil du patient
Âge, sexe : Homme, 68 ans.
Antécédents médicaux : Maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), emphysème sévère, hypertension artérielle, ancien fumeur (40 paquets-années).
Médication actuelle : Tiotropium (Spiriva), Salbutamol PRN, Amlodipine, Atorvastatine.
Allergies : Aucune connue.
Motif de consultation :
Dyspnée augmentée depuis 3 jours, exacerbée aujourd’hui.
Douleur thoracique centrale, oppressante, irradiant vers le dos.
Augmentation des sécrétions bronchiques.
Fièvre subjective selon la conjointe.
Évaluation clinique
À l’arrivée des paramédics :
Examen primaire (ABCD) :
A (Airway) : Voies respiratoires perméables, pas d’obstruction apparente.
B (Breathing) : FR 28/min, tirage intercostal, cyanose légère aux lèvres, auscultation : sibilances diffuses, diminution du murmure vésiculaire bilatéralement.
C (Circulation) : TA 145/85 mmHg, FC 105 bpm, peau pâle et moite, remplissage capillaire < 2 sec.
D (Disability) : AVPU = Alerte, orienté, répond aux questions de manière brève.
Signes vitaux évolutifs :
Saturation : 85 % à l’air ambiant.
Glycémie capillaire : 5,8 mmol/L.
Température : 37,8°C.
Examen physique :
Cyanose péribucale.
Tirage intercostal, expiration prolongée.
Douleur thoracique diffuse, non reproductible à la palpation.
Sibilance.
Défis et variables cliniques
Hypoxémie persistante malgré l’administration d’O2 (risque de rétention de CO2).
Difficulté respiratoire croissante malgré l’usage de ses bronchodilatateurs.
Douleur thoracique pouvant évoquer un syndrome coronarien aigu.
Accès à domicile en étage, limitant une sortie rapide.
Conjointe inquiète, posant beaucoup de questions.
Décision clinique et interventions paramédicales
Oxygénothérapie titrée selon le protocole MPOC ajustement pour atteindre 88-92 % de saturation.
Bronchodilatateurs : Administration de salbutamol (Ventolin) en nébulisation (si disponible) ou en pompe doseuse avec chambre d’espacement.
Évaluation cardiaque :
ECG 12D effectué : Pas de sus-décalage du segment ST, présence d’un rythme sinusal tachycarde.
Évaluation de l’indication d’aspirine : Étant donné l’histoire de douleur thoracique, administration de AAS 320 mg croqué.
Surveillance continue :
Saturation, fréquence respiratoire, état neurologique.
Préparation à une éventuelle ventilation en CPAP si détérioration.
Transport urgent vers un centre hospitalier avec alerte préhospitalière pour dyspnée sévère et douleur thoracique.
Déroulement et conclusion
Durant le transport : Léger mieux avec la nébulisation, mais saturation difficile à maintenir sans O2.
Arrivée à l’hôpital : Patient stabilisé avec une saturation à 90 % sous 2 L/min, mise en place d’une prise en charge en salle d’urgence pour exacerbation de MPOC avec suspicion de pneumonie associée.