Anaphylaxie mimant un AVC
Carte d'appel
Code Clawson : 2-D-1 (Allergic Reaction – Severe respiratory distress)
Résumé : Ingestion de noix
Heure : 18h45
Âge : 35 ans.
Sexe : Féminin.
Lieu : Restaurant (environnement intérieur).
Mise en situation
Une femme de 35 ans est retrouvée en détresse respiratoire aiguë dans un restaurant. Elle est assise à une table, visiblement paniquée, avec une respiration très rapide et laborieuse. Son entourage rapporte qu’elle est confuse, parle de manière désorganisée et semble avoir de la difficulté à bouger sa main droite. Un serveur mentionne qu’elle a consommé un dessert contenant des noix, auxquelles elle est allergique. Elle possède un EpiPen, mais ne l’a pas utilisé.
À l’arrivée des paramédics, la patiente présente :
Tachypnée sévère avec un stridor audible
Anxiété marquée, regard paniqué
Spasmes carpopédins (mains crispées en flexion)
Difficulté à articuler correctement (dysarthrie apparente)
Urticaire au cou et aux bras
Les témoins soupçonnent un AVC en raison des troubles de parole et de la faiblesse signalée, mais aucun asymétrie faciale ni déficit moteur franc n'est objectivable.
Examen primaire
A (Airway) : Présence de stridor et d’un œdème débutant des voies respiratoires
B (Breathing) : Tachypnée sévère avec signes de lutte, SpO₂ en baisse
C (Circulation) : Tachycardie compensatoire, hypotension débutante
D (Disability) : Dysarthrie transitoire, spasmes carpopédins liés à l’alcalose respiratoire
E (Exposure) : Plaques urticariennes, pas de signes de trauma
Signes vitaux
Fréquence cardiaque : 128/min (tachycardie)
Tension artérielle : 90/60 mmHg (hypotension débutante)
Fréquence respiratoire : 32/min (hyperventilation avec stridor)
SpO₂ : 91 % à l’air ambiant
Glycémie capillaire : 5,8 mmol/L (normale)
Anamnèse
OPQRSTU
O (Début) : Apparition rapide après ingestion du dessert
P (Provoqué/Pallié) : Aggravation rapide, aucun soulagement spontané
Q (Qualité) : Sensation de serrement de gorge, difficulté à respirer
R (Région/irradiation) : Œdème facial, urticaire sur le cou et les bras
S (Sévérité) : Sensation d’étouffement, anxiété sévère
T (Temps) : Évolution en moins de 10 minutes
U (Impact sur les activités) : Incapacité à parler normalement, spasmes involontaires
SAMPLER
S (Signes et symptômes) : Dyspnée, stridor, spasmes carpopédins, tachypnée, hypotension, confusion passagère
A (Allergies) : Noix (réaction anaphylactique connue)
M (Médicaments) : EpiPen en possession, non utilisé
P (Passé médical) : Anaphylaxie connue, pas d’ATCD d’AVC ou de TCC
L (Last meal) : Dessert contenant des noix
E (Événements) : Consommation alimentaire suivie d'une détresse respiratoire et d’une altération transitoire de la parole
Examen secondaire
Évaluation neuro (Cincinnati Prehospital Stroke Scale) :
Dysarthrie marquée mais transitoire
Pas de déficit moteur ni asymétrie faciale
Auscultation pulmonaire : Bruits normaux, stridor marqué
Examen des mains et pieds : Spasmes carpopédins suggérant une alcalose respiratoire due à l'hyperventilation
Peau : Érythème et urticaire diffus, absence de cyanose
Traitement et techniques
Administration immédiate d’épinéphrine IM 0,5 mg
À répéter toutes les 5 minutes en cas de non-amélioration
Oxygénothérapie à haut débit
Correction de l’alcalose respiratoire avec technique de respiration contrôlée (ex. respiration au travers des lèvres pincées)
Mise en place d’une voie veineuse pour soluté IV
Préparation à une intubation rapide en cas d’aggravation
Transport immédiat avec surveillance neurologique et respiratoire
Évolution du cas
5 minutes après l’épinéphrine :
Diminution du stridor
Stabilisation de la saturation
Disparition progressive des spasmes carpopédins
Amélioration de l’élocution après techniques de respiration contrôlée
Hypothèses cliniques à considérer
Réaction anaphylactique mimant un AVC en raison de la tachypnée, de l’anxiété et des spasmes
Alcalose respiratoire avec spasmes carpopédins secondaires à l’hyperventilation
Absence d’AVC réel (absence d’asymétrie faciale ou de déficit moteur persistant)
💡 Point pédagogique : Une anaphylaxie sévère peut parfois imiter un AVC en raison des troubles du langage transitoires, de la confusion et de la faiblesse apparente. Il est essentiel d’identifier rapidement les signes associés (urticaire, œdème, stridor) et d’administrer l’épinéphrine sans délai.