Tentative suicidaire aux opioïdes
Carte d'appel
Code Clawson : 31-D-1 (Subject Unconscious – Unconscious)
Résumé : Femme inconsciente retrouvée à son domicile après inquiétude d’un proche.
Heure : 22h01
Âge : 40 ans.
Sexe : Féminin.
Lieu : Domicile (résidence privée).
Mise en situation
Une femme de 40 ans a été retrouvée inconsciente à son domicile après que son proche à distance ait contacté les services d'urgence, inquiet de ne pas avoir de nouvelles. À l’arrivée des paramédics, la scène est paisible avec la présence de plusieurs boîtes de médicaments vides et un patch suspect sur son bras. Une note de suicide est retrouvée sur la table, indiquant une rupture amoureuse récente comme motif de son geste.
La patiente est retrouvée en respiration lente et superficielle, avec une amplitude diminuée. On note une cyanose des lèvres et une désaturation sévère à l’oxymètre de pouls.
Examen primaire
A : Voies respiratoires partiellement obstruées par une hypotonie linguale.
B : Respiration lente et inefficace avec cyanose périphérique et centrale.
C : Pouls présent, mais bradycardie relative.
D : GCS à 6 (E1-V1-M4), pupilles en myosis serré.
E : Patch médicamenteux trouvé sur le bras droit.
Signes vitaux
Pouls : Bradycardie à 48 bpm
SPO2 : 75% en air ambiant
Pression artérielle : 98/62 mmHg
Respiration : 6/min, superficielle
Température : 36.4°C
Glycémie : 6.2 mmol/L
Anamnèse
OPQRST
O : Inconscience et détresse respiratoire d’apparition inconnue.
P : Aucun élément aggravant connu.
Q : Non applicable.
R : Aucune radiation pertinente.
S : Altération de l’état de conscience, cyanose, bradycardie, myosis.
T : Moment précis inconnu, mais dernière communication avec un proche il y a 12h.
U : Aucun événement similaire documenté.
SAMPLER
S : Dépression probable suite à une rupture amoureuse.
A : Non connu.
M : Oxycodone, Neurontin, Metformin.
P : Non connu.
L : Dernier repas inconnu.
E : Probable tentative de suicide par surdose médicamenteuse.
R : Facteur de risque psychologique évident.
Examen secondaire
Examen physique : Hypotonie musculaire, absence de rigidité anormale, cyanose généralisée.
Examen pupillaire : Myosis bilatéral
Auscultation pulmonaire : Crépitants bilatéraux, présence d’un OAP après réveil à la naloxone.
Électrocardiogramme (ECG 12D) : Bradycardie sinusale.
Test de Cincinnati : Normal.
Traitement et techniques
Assistance ventilatoire immédiate avec BMV à 12 L/min en raison de la respiration inefficace (ins. respiratoire).
Administration de Naloxone selon protocole PICPSP :
Surveillance accrue : préparation à l’intubation si la ventilation devient inefficace.
Retrait du patch médicamenteux suspect avec précaution et utilisation de gants.
Surveillance étroite de l’ETCO₂ et des signes d’œdème pulmonaire (crépitants croissants).
Transport rapide avec préavis au centre receveur pour évaluation toxicologique et prise en charge spécialisée.
Évolution du cas
Après 2 doses de Naloxone, la patiente retrouve une réponse verbale minimale (GCS 10).
La fréquence respiratoire augmente mais demeure inefficace (FR 10/min, amplitude faible).
Une détérioration progressive des signes pulmonaires oriente vers un OAP secondaire à l’intoxication aux opioïdes.
Nécessité probable d’une ventilation non invasive (CPAP)
Hypothèses cliniques à considérer
Toxidrome aux opioïdes : myosis, bradypnée, cyanose, réponse à la naloxone.
OAP d’origine neurogène ou cardiogénique secondaire à l’intoxication.
Hypothermie relative pouvant aggraver la bradycardie et la dépression respiratoire.
Syndrome de sevrage aux opioïdes si survenue tardive d’agitation.
💡 Point pédagogique : L’administration de la naloxone doit être titrée avec prudence pour éviter un réveil brutal entraînant agitation sévère et risque d’œdème pulmonaire. L'assistance ventilatoire est primordiale dans les cas d’intoxication aux opioïdes avant toute considération pharmacologique.